Si je devais centrer mon travail en deux mots, je dirais : écouter, exprimer. – Exprimer ce qui est là, et qui n’a pas de voix. Qui passerait inaperçu, même pas vu. Sa beauté, son miracle de finesse et de force : même pas vus.

Alors moi, qui ai VU – par quel don ? je ne sais – je dois rendre visible, donner voix. – Donner à cette chose sa voix. Pas la mienne.

Ce visage – ces taches sur un papier – ce vieux fer rongé de rouille – cet outil usé où on sent la main – ce bronze échappé au creuset – ce verre, dont le rouge doré est comme un chant – ce bout de chiffon usé jusqu’à translucide : ils deviennent une vision. Je dois la transmettre. Qu’elle ne puisse plus s’effacer.

Chacune de ces rencontres ouvre un monde. Et chacun de ces mondes ouvre en moi une réponse neuve : source.

Ne jamais finir d’explorer.

Hella Dehaas

L’œuvre

L’œuvre de Hella Dehaas (1926-2006) est encore trop peu connue. L’artiste avait un tel besoin de silence et d’intimité avec les matériaux qu’elle travaillait qu’elle s’est isolée volontairement, vivant en marge du monde artistique de sa ville d’adoption, Genève.

L’œuvre est remarquable par sa profondeur et sa diversité : les dessins, réalisés dès son plus jeune âge, les gravures, remarquées par les meilleurs spécialistes dans les années soixante à septante, finalement les sculptures de métal de ses trente dernières années.

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Hella Dehaas

Née à Zürich en 1926. Licence ès lettres en 1948, professeur secondaire puis bureau international jusqu’en 1963. Etudes de dessin dès 1958, à La Haye avec Herman Gordijn, à Genève avec Heinz Schwarz. Etudes de gravure à Genève, avec J.-M. Bouchardy et A. Fontaine, puis à la Vrije Academie de La Haye.

Au moment où elle décide, en 1964, de se consacrer entièrement à l’art, Hella Dehaas est donc loin d’être une débutante, mais au contraire une artiste cultivée et déjà accomplie. Elle suit les cours des Beaux-Arts à Genève, section peinture, entre 1965 et 1969, est admise à la Société suisse des femmes peintres en 1967. Dès les années 70, elle se consacre principalement à la sculpture sur métal, tout en réalisant des vitraux et des parois translucides, des mosaïques de galets et smalts, etc.

Tout au long de son chemin artistique, l’artiste prend le temps nécessaire à l’écriture. Son journal témoigne de son besoin intense de vérité, de l’opiniâtre et patiente recherche à laquelle elle se voue inlassablement. Les extraits qu’elle en tire périodiquement à l’intention des « Amis de l’Atelier » ont une réelle valeur littéraire.

Hella Dehaas est décédée en avril 2006.

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L’association

Quelques anciens Amis de l’Atelier ont créé en 2008 une association qui a pu acquérir le fonds d’œuvres et d’archives que Hella Dehaas laissait à son décès. Son but est de sauvegarder ce fonds et de le mettre en valeur.

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